Selected Exhibitions

Nikki Marquardt Gallery, Paris (2000)

Objets de Guerre & Le Déplacement
Paris, France

“ Quand les routes furent ouvertes, j’ai pénétré des territoires autrefois interdits. Je n’ai pas réussi à les reconstituer : le paysage réel comme celui mental, me sont apparus fragmentés”. Ce constat de Lamia Joreige, jeune artiste libanaise qui vit entre Beyrouth et Paris, confirme la structure même de son travail situé dans un entre-deux formel. Ainsi, ces “vidéo -fixes” extraites d’intimes road movies, ces “objets de guerre” rapportés du conflit libanais ( 1975 – 1991), totalement dépaysés dans la galerie, ou encore ce reportage où amis, artistes, voisins, connaissances sont invités à symboliser par un indice familier leur “accomodement avec l’exorbitant” (1). Un bidon bleu, pour les pénuries d’eau, une radio qu’on écoute “ du matin au soir”, la clé d’un abri, une photographie de classe ( dont 34 chrétiens et une musulmane), tout y trahit la scission d’une ville tailladée par les barrages et zones de bouclage.

Et puis, ce journaliste qui, rentrant chez lui, assiste à un drame passionnel pris dans l’étau même de la guerre : un homme chiite, amoureux d’une Sunnite, la tue, puis se suicide. Récits poignants, où, au-delà des confessionnalismes, une jeunesse beyrouthine éprise de liberté défie parfois la mort.

Ainsi, cette jeune actrice qui, pour se réapproprier la plage,

“ lieu de guerre, de mer, de natation”, traverse la rue en maillot, sous l’oeil des miliciens. Guitare, lampe de poche qu’on attache à la ceinture, petit sac qu’une fille “transporte de chambre en chambre, sans l’ouvrir” sont autant d’objets de survie, talismaniques ou incantatoires, qui adhèrent à ces corps physiquement menacés. Transplantés dans la galerie, ces simples vestiges, comme étanche à tout pathos, confirment l’impossibilité d’une mémoire à s’incarner. Au plus, se projettent-ils dans un film qui distille élocutions émotives et reflets aléatoires, avec cet écart si nécessaire au trauma.

Entre flux et fixités, le montage vidéo-photographique d’un trajet en voiture dans Beyrouth, joue de ce dedans-dehors, (mer/ ciel/ famille) de l’après-guerre, tandis que la distance invisible entre l’objectif et la vitre mouillée de la voiture trahit le “je” par défaut d’une artiste qui, dans une oeuvre sans apprêt, aura choisi, non pas de raconter mais de rencontrer…

 

 

Michèle Cohen Hadria

 

 

(1) “ Le problème libanais” Jean Salem, Ed. Acta, 1989

Nikki Marquardt Gallery, Paris (2000)

The first solo exhibition by the artist in France features the multimedia works Objects of war  & Le Déplacement.

Two sets of postcards were published at the occasion of the exhibition

Objects of War (1999-Ongoing)

Videos & Objects

Objects of War is a series of testimonials on the Lebanese war. Each person chooses an object, ordinary or unusual, which serves as a starting point for his / her story. These testimonials while helping to create a collective memory, also show the impossibility of telling a single History of this war. Only fragments of this History are recounted here, held as truth by those expressing them.
In Objects of War, the aim is not to reveal a truth but rather to gather and confront many diverse versions and discourses on the subject.

Le déplacement (1998-2000)

Video-stills installation (Inkjet prints taken from videos)

Based on videos filmed in Beirut between 1990 and 1998, Le déplacement is a visual narrative composed of outdoor images (fragments of city, shot on the road), and interiors (intimate persons and spaces), marking pauses within this displacement. The installation is composed of around 190 video-stills. Extracted without chronological order, from footage filmed consciously as well as accidentally, each image holds a precise place within that story, which is the expression of my personal bond to Beirut, of a quest for landmarks in an urban and familiar environment, always in mutation.